Daniel Mermet relance "Là-bas si j'y suis" sur internet
Des reportages, des invités très à gauche et sur le répondeur les messages des auditeurs : Daniel Mermet a ressuscité mercredi sur internet son émission "Là-bas si j'y suis", supprimée par France Inter, pour continuer "la bagarre menée pendant 25 ans".
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En public et en direct, Daniel Mermet, 72 ans, a repris du service dans un café de Ménilmontant (20e arrondissement), à Paris, devant une cinquantaine d'auditeurs et de compagnons de route, sept mois après avoir rendu l'antenne.
Le répondeur de l'émission, succession de coups de gueule et de messages de soutien, donne d'emblée le ton : "Tu reviens un 21 janvier, c'est le jour de la décapitation de Louis XVI, je me doute que ce n'est pas innocent", ironise un auditeur. Daniel Mermet lui donne aussitôt raison.
Sur une petite table ronde, quatre micros accueillent chroniqueurs et invités. L'émission démarre sur Charlie Hebdo : BFMTV et France 2 sont épinglés pour leur traitement médiatique des attentats.
Des reportages et un débat sur les élections en Grèce
Suivent deux reportages, l'un dans une mosquée, l'autre avec des militants identitaires et un débat-fleuve sur les élections législatives qui se tiendront ce dimanche en Grèce.
Les invités, dont l'économiste Frédéric Lordon et Serge Halimi, du Monde diplomatique, dissertent sur Syriza, le parti de la gauche radicale grecque, et sur l'hypothèse d'un non-remboursement de la dette publique.
Entre-temps, le socialiste Gérard Filoche s'en prend au projet de loi Macron, qui prévoit une extension du travail dominical. "C'est une loi du XIXe siècle !", tonne-t-il.
L'émission disponible sur abonnement
Micros coupés, Mermet parle trotskisme et s'inquiète de la montée de Pegida, le mouvement allemand contre l'islamisation. Il avait lancé son émission à la veille de la chute du mur de Berlin, en septembre 1989.
Militante et atypique, "Là-bas si j'y suis" avait dès lors été diffusée quasi quotidiennement sur France Inter, à 17 heures, puis à 15 heures, jusqu'en juin dernier. Elle ne sera désormais disponible que sur internet et sur abonnement, à l'adresse la-bas.org. En direct chaque jeudi, de 19 h à 21 h, puis à réécouter en podcast.
Les abonnés pourront également retrouver divers articles, vidéos et reportages. Les archives de l'émission (depuis 2002) sont elles disponibles en libre accès.
Sur France Inter, l'émission rassemblait encore près d'un demi-million d'auditeurs. L'annonce de sa suppression, en juin, avait donné lieu à une pétition de soutien, signée par plus de 170.000 personnes au cours de l'été.
Daniel Mermet recense aujourd'hui plus de 13.000 abonnés sur son site, à 60 euros par an en moyenne, soit quelque 800.000 euros déjà réunis. Suffisamment pour rémunérer trois salariés et une petite équipe de pigistes, "un peu au-dessus des tarifs de France Inter", souligne-t-il.
"Ce n'est pas une revanche contre France Inter, et internet n'est pas un refuge. C'est une nouvelle histoire. Pourquoi on arrêterait ? On s'est fait quand même virer sauvagement, c'était une incitation à la résistance. On continue notre combat, la bagarre qu'on a menée pendant 25 ans", explique Daniel Mermet à l'AFP. Il cherche un local pour installer son équipe, mais veut profiter de la "légèreté" du web pour être plus mobile. Son équipe suggère par exemple de "monter le studio sur un piquet de grève".
Manager controversé, Daniel Mermet avait été accusé en 2013, par d'anciens reporters, de méthodes de travail difficiles et de rémunérations très basses. Ses proches préfèrent parler d'un professionnel exigeant, tant avec lui-même qu'avec ses collaborateurs.
A la fin de l'émission, Mermet interroge ses proches : "C'est long, deux heures, non ?".
"Ça va marcher", se rassure-t-il dans la foulée au sujet de son émission, qu'il qualifie toujours de "modeste et géniale". Avec 10.000 abonnés de plus, il promet de créer une matinale quotidienne, le "7/9 NEUF". "Les matinales qui existent aujourd'hui s'adressent à des publics différents, mais elles ont toutes la même ligne éditoriale", juge-t-il.
Verre de vin rouge à la main, le septuagénaire, entre deux accolades, dit vouloir poursuivre son "combat". "On veut continuer de faire exister une certaine manière de voir. Si le public nous soutient, on continuera."
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