Exposition "Minimal" à la Bourse de commerce : la sobriété faite art
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Ils s'appellent Richard Serra, Dan Flavin, Lee Ufan ou François Morellet. Tous ces artistes affirment la simplicité des formes et entraînent le spectateur vers le recueillement et la méditation.
Du sel, de la terre, de la cire d'abeille, des néons, des pierres qui fracassent le verre, des sacs plastique pendus à des cordes, le tout avec un minimum d'effet et, comme l'écrit Jessie Morgan, la commissaire de l'exposition Minimal, "ce sont des œuvres qui se caractérisent par des formes réductrices, abstraites ou géométriques, et par une économie de moyens, une forme d'art simple".
Voici donc, la définition de l'art minimal présenté à partir de mercredi 8 octobre à la Bourse de commerce-Pinault Collection, jusqu'au 19 janvier 2026.
Un peu d'histoire
Tout mouvement artistique naît en réaction à ceux qui le précèdent. Dans les années 1960, le pop art du pape Andy Warhol règne en maître. L'expressionniste abstrait et les jets de peinture lyrique de Pollock s'épuisent. Alors surgit la sobriété, la simplicité, le dépouillement. Aucune figuration, uniquement des formes et vive le monochrome.
Avec une économie de moyens, en immergeant le spectateur dans l'œuvre, en utilisant des matières naturelles ou des matériaux industriels, les artistes de tous les continents, des Amériques à l'Asie, s'attaquent à l'art minimal.
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On pourrait dater son acte de naissance en 1966 avec une exposition au Jewish Museum de New York. Dan Flavin et ses néons, Robert Morris et ses feutres ou Donald Judd et son acier et plexi sont ses parents. Ils connaissent leur Bauhaus par cœur, ce mouvement d'architecture et design allemand des années 1920. "Rien que l'essentiel" pourrait être leur slogan.
Rarement un lieu n'a été autant raccord avec les œuvres présentées. La rotonde de la Bourse de commerce est déjà de l'art minimal. Cette paroi circulaire, ce cylindre gris en béton de l'architecte japonais Tadao Ando abrite cinq œuvres pour un paysage dépouillé.
Le paysage de Meg Webster en majesté
Une promenade entre un cône parfait de sel, une paroi de cire d'abeille qui sous le soleil commence à fondre, deux demi-sphères de terre ocre et rouge et enfin un minijardin, refuge constitué de brindilles et de feuillages. La pureté des formes apaise.
Ces cinq sculptures sont de l'Américaine Meg Webster, née en 1944. Une artiste qui interroge, avec l'utilisation de ces matériaux issus de la terre, notre rapport à l'environnement, et ce, depuis longtemps. Dans le catalogue, Jessica Morgan souligne que "depuis ses débuts, Webster exprime une préoccupation pour l'écologie, le changement climatique et le paradoxe entre l'admiration que les humains vouent à la nature et leur volonté de la contrôler".
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L'ironie fait aussi partie du paysage et de cette exposition. Au-dessus des œuvres, si le spectateur lève le regard, il aperçoit la fresque de 140 mètres de long sur 10 mètres de haut célébrant le commerce entre la France et les lointains territoires. La fresque date de la fin du XIXe siècle, quand le progrès promettait un monde meilleur et rappelle l'utilité première de la Bourse de commerce.
Regarder cette représentation du commerce triomphant résonne avec les mots de Meg Webster qui disait : "Ce n'est pas la technologie qui détruit les choses, c'est notre incapacité à trouver une manière de nous intégrer dans l'écosystème."
Au sous-sol, la lumière
En descendant dans les entrailles sombres de la Bourse de commerce, le visiteur découvre la lumière. Les artistes dans les années 1960-1970 transforment l'éclairage en sculpture. Les enseignes publicitaires criardes qui ornent les rues de mégalopoles ou les longues lignes droites des routes américaines inspirent.
Les néons de Dan Flavin en sont la meilleure illustration. La lumière irradie, transforme le lieu, mais que l'on ne s'y trompe pas, ce sont des sculptures, presque des peintures. L'artiste s'adresse à la perception et dessine l'architecture, altère la vision et poétise l'environnement. Radicaux les minimalistes, mais jamais abscons.
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Non loin, François Morellet est le rare représentant français de l'exposition. Ses néons, quatre panneaux noirs formant un carré, portent le mathématique titre Néons 0°, 45°, 90°, 135° avec quatre rythmes interférents, signe de son intérêt pour les sciences.
Du néon, il dira : "Le néon m'a toujours fasciné. C'est un matériau dur et froid que j'aime. Il m'a également aidé à intégrer dans mon travail des facteurs comme le temps et le rythme."
Minimal mais contemporain
Le jour du vernissage, chacun y va de ses comparaisons avec le monde et son chaos actuel. Jessica Morgan, commissaire de l'exposition, a bâti ce parcours comme une promenade. Et on sent chez les visiteurs cette recherche du calme, du silence. L'idée d'une exposition qui tomberait à point nomné en cette période, est-ce une vue de l'esprit ?
Emma Lavigne, directrice générale de la Collection Pinault confie à franceinfo Culture : "Ça n'est pas une vue de l'esprit, ces artistes nous invitent à la sérénité, à la contemplation, à aiguiser son regard, à se détourner, peut-être de la prolifération d'images factices qui polluent notre vie au quotidien et de nous attarder, de ressentir vraiment la vision de ces très très grands artistes."
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Si la centaine d'œuvres exposées ont plus de trente ou quarante ans d'existence, les questions qui préoccupaient ces artistes dans la solitude de leur atelier résonnent avec force ces jours-ci. Emma Lavigne poursuit : "Il y a dans la question du dépouillement quelque chose qui n'est pas de l'hermétisme, mais qui est au contraire quelque chose qui nous invite à arrêter le temps, à le suspendre, à le ressentir, à en ressentir la pulsation, les rythmes, mais pas dans la question de la frénésie. Donc cette exposition prend peut-être tout particulièrement son sens aujourd'hui comme une antidote à une course en avant, dans cette prolifération des images générées par toutes sortes de sources."
"Minimal", à partir du 8 octobre 2025, à la Bourse de Commerce, à Paris
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