80 ans de la libération d'Auschwitz : une exposition parisienne décrypte les photos prises dans le camp d'extermination par les nazis
Le Mémorial de la Shoah présente des clichés conservés par l'Institut Yad Vashem de Jérusalem, réalisés en 1944 sur ordre de Rudolf Höss, commandant du camp.
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"Montrer ce qu'on ne voit pas alors que c'est sous notre nez" : près de 200 photographies du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau sont exposées à partir de jeudi 23 janvier au Mémorial de la Shoah à Paris pour "analyser les images" prises par les nazis.
80 ans après la découverte du camp par l’Armée rouge, le 27 janvier 1945, elles constituent un témoignage unique sur le fonctionnement du centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. L'exposition, intitulée Comment les nazis ont photographié leurs crimes. Auschwitz 1944, s'articule autour des 197 clichés de l'Album d'Auschwitz, un recueil de photographies prises en 1944 et documentant l'arrivée des juifs de Hongrie à Birkenau, un camp situé en Pologne, à l'ouest de Cracovie.
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Sur ces clichés en noir et blanc, des groupes attendent la "sélection" entre les personnes considérées comme aptes au travail et celles jugées inaptes qui seront condamnées à la chambre à gaz, des femmes fixent l'objectif, des personnes âgées attendent assises, épuisées, près d'un wagon.
"Ces photos, vous les avez forcément croisées, elles sont iconiques", souligne l'historien Tal Bruttmann, commissaire de l'exposition. Avec ce travail d'analyse, il s'agit d'aider à "lire les images" pour "montrer ce qu'on ne voit pas alors que c'est sous notre nez".
La résistance est dans les détails
Conservés par l'Institut Yad Vashem de Jérusalem, les clichés ont été pris par deux photographes nazis sur ordre de Rudolf Höss, le commandant de ce camp où un million de Juifs ont été assassinés, "pour illustrer son savoir-faire", explique l'historien.
Mais les clichés de ce qui était conçu comme un rapport administratif "montrent que ces victimes ont une attitude que les photographes n'attendent pas. Elles résistent, elles sont dignes alors qu'elles sont conçues comme des images antisémites".
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Avec des cartons explicatifs et des explications audio, l'exposition attire l'attention du visiteur sur des détails à la fois minuscules et évidents.
Sur une photo, deux femmes se bouchent le nez, témoignant de l'odeur pestilentielle des chambres à gaz tout proches. Sur une autre, une femme tire la langue, dans un défi passé inaperçu du photographe. Derrière elle, une femme se couvre le nez avec un mouchoir.
La violence en filigrane
Même si le photographe essaie de gommer la violence, une multitude d'indices la révèlent comme ce SS qui, dans un coin d'une photo prise au moment de la sélection, donne un coup de canne à deux jeunes femmes. Les cannes elles-mêmes témoignent de la violence de l'assassinat, puisque certaines proviennent du "Kanada" où étaient entreposés les effets volés aux déportés.
Autre exemple : la présence de garde du corps, qui montre que la sélection ne se passe pas forcément de façon ordonnée, ou l'interaction, malgré l'interdiction, entre un déporté travaillant au Kanada et un arrivant, peut-être pour l'inciter à mentir sur son âge ?
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Une grande carte du camp permet de situer exactement où chacune des photos a été prise. Tal Bruttmann avait déjà, avec les Allemands Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller, publié en 2023 une analyse de ces photographies dans un ouvrage intitulé Un album d'Auschwitz : comment les nazis ont photographié leurs crimes (éditions du Seuil).
Avec cette exposition, il s'agit aussi de "tirer d'autres fils, pas présents dans le livre", et "notamment ce que l'on sait de l'extérieur". Car "on n'est pas dans un lieu isolé. Il y a autour de la ville un trafic ferroviaire considérable. Le lieu n'est pas inconnu", souligne l'historien. Que ce soit par la présence d'ouvriers venus de l'extérieur, la fumée de train passant en arrière-plan, plusieurs photos laissent deviner "à quel point il y a une porosité entre le site et la ville, la vie normale", ajoute-t-il. Un sujet évoqué dans le film La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer sorti en 2023 et adapté d'un roman de Martin Amis.
Le lundi 27 janvier, à 12 heures 30, 80 ans jour pour jour après la découverte du centre de mort d'Auschwitz-Birkenau, une cérémonie "en hommage aux victimes de la Shoah sous le signe de la jeunesse et de la transmission" se tiendra sur le parvis du Mémorial de la Shoah.
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