Antisémitisme : comment la France fait face à la recrudescence des actes contre les personnes de confession juive ?

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Article rédigé par France 2 - C. Verove, E. Prigent, M. Somm, J. Mimouni, N. Perez, L. Haedrich, M. Martel, B. Frydman, M. Le Rue - Édité par l'agence 6Medias
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Dans sa lettre l'ambassadeur américain parle d'une "flambée" de l'antisémitisme, et critique le manque d'action des autorités françaises. Au-delà des motifs politiques, qui peuvent exister on vient de le voir, ces accusations reposent-elles sur des faits ?

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


C'est après avoir prié dans une synagogue à Lyon, vendredi 22 août soir, qu'en rentrant chez lui, un adolescent de 14 ans affirme avoir été agressé par un homme. "Il a commencé à me dire des insultes antisémites. Il m'a dit que j'étais un sale youpin, sale race, des trucs comme ça. Il m'a fait une balayette. J'ai commencé à courir, il m'a attrapé par le bras et il m'a refrappé plusieurs fois. Je lui ai mis un coup et je suis parti en courant. Ça s'est passé en une minute, même pas. Et pour moi, c'était super long. Je n'ai rien fait pour mériter ça. Je me suis sorti de la synagogue", témoigne-t-il.

Une recrudescence d'actes antisémites après le 7 octobre 2023

Il s'agissait là du dernier exemple de violence contre des juifs. Y a-t-il une flambée de l'antisémitisme en France, comme l'affirme l'ambassadeur américain ? Oui, après le 7 octobre 2023, les agressions antisémites ont soudainement été multipliées par quatre. Cette année, entre janvier et juin, le ministère de l'Intérieur relève 646 actes antisémites. C'est 27 % de moins qu'à la même période l'an dernier, mais toujours deux fois plus qu'avant 2023.

Face à cette hausse, quels moyens sont mis en place ? Depuis le 7 octobre 2023, 800 sites de la communauté juive sont surveillés par les forces de l'ordre. La réponse de la justice se veut plus sévère. Une injure antisémite peut être punie d'une peine de prison ferme. Le gouvernement réclame désormais des condamnations plus rapides et effectives.

"Ce qu'on a fait concrètement : des instructions au procureur de la République pour ne pas laisser passer un seul fait d'antisémitisme. Le fait que les présidents d'université signalent tous les faits qui sont réalisés et que les préfets interviennent dès qu'il y a un risque de trouble à l'ordre public", explique Aurore Bergé, ministre chargée de la Lutte contre les discriminations.

Une obligation d'aborder la Shoah à l'école

Qu'en est-il de l'éducation ? L'ambassadeur américain affirme que la moitié des jeunes Français n'ont jamais entendu parler de la Shoah. En fait, selon une étude réalisée en début d'année, 27 % des élèves de collège et de lycée n'en avaient pas connaissance. La Shoah est enseignée en classe de troisième et de première, mais aussi dès l'école primaire ; le programme de CM2 formule l'obligation d'aborder le génocide des Juifs.

"On le fait aussi dans le cadre de l'enseignement moral et civique (EMC), en primaire et aussi dans le secondaire, où nous avons comme objectif de lutter contre les discriminations, de lutter contre l'antisémitisme", livre le directeur du centre de recherche histoire-géographie UNSA, Benoît Kermoal. Toutes les écoles prévoient aussi chaque année une semaine de lutte contre l'antisémitisme et le racisme.

Parmi nos sources

Statistiques du ministère de l'Intérieur

Circulaire de politique pénale générale du ministère de la Justice du 27 janvier 2025

Programmes scolaires de cycle 3 de l'Education nationale

Étude IFOP février 2025


Liste non exhaustive

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